La fondation du monastère et son histoire se placent sous l’angle du renouveau dominicain de la première moitié du XVIIe siècle en France.
Trente-deux fondations voient le jour à partir de deux souches, les monastères de Sainte Catherine de Sienne de Toulouse et de Sainte Praxède d’Avignon.
C’est ce dernier monastère qui retrouvant une pleine ferveur dans les années 1578-1600 sous l’influence du Père Sébastien Michaëlis, est à l’origine du monastère du Puy en Velay qui lui-même fondera Langeac.
Il ne s’agit pas à proprement parler de monastères qui essaiment mais sous l’impulsion de fondatrices locales, ils soutiennent les jeunes communautés formant les aspirantes à la vie dominicaine par un prêt de sœurs, qui leur tâches accomplies reviennent dans leur monastère d’origine.
Ainsi en est-il pour Langeac, en 1619 après une prédication sur le Rosaire à l’église Saint Gal par le capucin Théodose de Bergame, quatre dames souhaitèrent ouvrir un monastère dominicain. Elles commencèrent aussitôt les démarches pour la construction d’un nouvel édifice avec le soutien de la population, et pour assurer leur formation obtinrent le prêt de trois sœurs du monastère du Puy. En septembre 1623, les constructions achevées, elles allèrent comme convenu au Puy chercher les moniales et à cette occasion rencontrèrent Agnès qu’elles acceptèrent de prendre avec elles comme postulante. Agnès entrée comme converse fut finalement reçue à la profession comme sœur de chœur le 2 février 1625 et très vite mise en responsabilité. Tout d’abord désignée pour la formation des novices, elle fut nommée responsable dès le retour des trois moniales dans leur monastère du Puy. Devenue prieure, devant démissionner de cette fonction puis la reprendre, avant de décéder à 32 ans.
Agnès même si elle n’est pas formellement une fondatrice de la communauté reste la personne la plus marquante de toute son histoire ; son impulsion, ses exemples restent une réalité vivante. Après sa mort ses sœurs entreprendront les démarches pour que l’Eglise reconnaisse sa sainteté de vie.
En 1792 chassées de force les trente-quatre sœurs que comptent alors le monastère se réfugient dans leurs familles. D’eux d’entre elles furent emprisonnées et eurent la vie sauve quand advint la chute de Robespierre. Le monastère devint un bien national et fut transformé en hospice pour les vieillards.
Histoire du monastère depuis la révolution
Il faut attendre 1805 pour que des temps plus cléments donnent à quelques sœurs dont l’ancienne prieure Mère Augustin Mallet, l’espérance de retrouver la vie monastique dans leurs bâtiments à la condition de s’embaucher comme garde-malade à l’hospice.
Le décret en 1808 du pape Pie VII reconnaissant Agnès comme Vénérable est un encouragement. Cependant, malgré le soutien de Monsieur Emery, supérieur de la compagnie de saint Sulpice, les démarches se succèdent jusqu‘en 1820 pour tenter de rentrer en possession de leur monastère, mais en vain. La communauté décide alors de renoncer à ses bâtiments pour se soustraire à l’office de garde-malade et retrouver la vie contemplative en achetant la maison attenante. En 1822, l’évêque de saint Flour rétablit officiellement la communauté nommant Mère Rosalie Tuja prieure.
Quand les premières novices arrivent en 1824, la communauté ne compte plus que 3 sœurs. La mort de Mère Marie Tuja en 1829 fit vaciller la communauté encore bien jeune. Mais, le Seigneur veillait. L’Evêque du Puy, Monseigneur de Bonald, institua prieure une jeune soeur Mère Marie de Tous les Saints Boyer native de Landos de 27 ans, mais qui, comme on le verra dans la suite, possèdait toutes les qualités pour remplir cette charge qu’elle assumera durant 38 ans. Aidée de Monsieur Mercier, curé de Langeac et de Monsieur Péala, supérieur du grand séminaire du Puy, elle relèvera la communauté spirituellement et matériellement.
« Les sujets arrivant nombreux et fervents », poussée par l’exiguïté de la maison, Mère Marie de Tous les Saints acheta un bel emplacement sur les bords de l’Allier face au pont suspendu et fit construire en 1840 un nouveau monastère.
Les travaux à peine achevés, le 27 octobre 1841 la communauté fut transférée solennellement, Monseigneur Darcimoles, évêque du Puy, présidant la cérémonie. Après bien des difficultés, le corps de la bienheureuse Agnès, gardé à la paroisse dans le caveau des seigneurs de Langeac durant la tourmente, pu être rendu au monastère de nuit. Les langeadois menaçant de venir l’y reprendre « Monsieur le Maire dut intervenir par des menaces sévères ».
Deux ans plus tard, les sœurs verront avec bonheur le frère Henri-Dominique Lacordaire travailler au retour des frères dominicains en France. Elles connurent à cette époque une période de prospérité. En 1854, elles construisent une ferme et une nouvelle chapelle dessinée par le frère Louis Aussant (architecte), alors prieur du couvent de Paris. Les vitraux seront posés en 1871 par les peintres verriers Thoreil-Fournier du Puy. En 1890, la vicomtesse d’Ussel offrit une nouvelle châsse pour le corps de la bienheureuse Agnès (la châsse actuelle).
La Loi Combes sur les congrégations religieuses mit fin dès 1901 à ces 60 années prospères. En effet, le 3 août 1904 un liquidateur accompagné du greffier et du juge de paix vinrent faire l’inventaire des biens mais, les sœurs résistant à cette mesure inique demeurèrent dans un bâtiment qui officiellement n’était plus le leur. Toujours sous la menace d’une expulsion, c’est la guerre de 1914 qui les sauvera de ce péril. Pour l’heure les sœurs soutiennent par la prière, l’accueil des réfugiés, les colis aux soldats…
Après la guerre, les dossiers de cette maison sous séquestre sont ressortis. Un premier compromis avec les Domaines est trouvé en 1922 selon la loi qui permettait d’hospitaliser des sœurs dans le monastère et interdisant de ce fait la vente de l’immeuble du vivant de ces sœurs. Le recrutement est prohibé, mais les autorités fermeront les yeux… Passée l’épreuve de la seconde guerre mondiale, les démarches reprennent, une Association des Amis de Langeac est créée dans le but de négocier un contrat de location des bâtiments avec les Domaines. Enfin, le rachat du monastère aux Domaines par l’Association sera négocié pour aboutir en 1964 à un acte de vente et en 1975 au décret de reconnaissance légale de la communauté qui lui permet enfin de devenir propriétaire de ses bâtiments.
Malgré la situation encore précaire de 1950 les sœurs rénovent leur chœur en faisant appel aux dons et à deux artisans lyonnais : le Chanoine Lamarche et son école du Bachut pour les stalles et Jean Coquet pour les vitraux.
Dans le mouvement de toute l’Eglise, le Concile Vatican II sera source de renouvellement spirituel, liturgique et matériel avec la création d’une imprimerie en 1968. Sœur Marie de la Trinité sera chargée par le Maître de l’Ordre de créer une fédération des monastères pour favoriser leur collaboration pour la formation des jeunes entre autre.
En 1994, le pape Jean-Paul II béatifie la bienheureuse Agnès de Jésus confirmant la communauté dans la prière pour les prêtres, les séminaristes et les enfants à naître.
En ce début de XXIe siècle, les sollicitations extérieures poussent la communauté à partager son patrimoine spirituel, ainsi dans ce but, l’ancienne ferme est réhabilitée en accueil monastique.
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